Le Réseau Enfants-Retour tient à remercier tous les membres de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs de nous avoir donné l’occasion de partager notre expérience et nos réflexions sur le grave problème de la traite des mineurs au Québec.
Selon le rapport annuel de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chaque année, en moyenne, plus de 5 000 cas d’enfants disparus sont signalés aux forces de l’ordre au Québec. Les fugueurs représentent près de 90 % de tous ces cas et impliquent des jeunes âgés de 12 à 17 ans (source 1).
Ces statistiques alarmantes ont incité le Réseau Enfants-Retour à approfondir la question des fugueurs et des dangers auxquels les jeunes s’exposent lorsqu’ils fuguent. Nous avons entrepris d’analyser plus de 600 cas que notre organisme a traités sur une période de 8 ans. Nous avons examiné l’âge, le sexe, la durée de la fugue, la ville d’où ils fuyaient, etc. Nous avons été surpris et alarmés d’apprendre qu’un fugueur sur trois est victime d’exploitation sexuelle, et que les jeunes inscrits dans le système de protection de la jeunesse sont particulièrement vulnérables au trafic sexuel (annexe 1).
Il est important de garder en tête que, dans presque tous les cas, un adulte est responsable du processus conduisant à l’exploitation d’un jeune. Que nous l’appelions facilitateur, proxénète ou même petit ami, cet adulte gérera tout l’argent durement gagné par la jeune victime. Il est donc difficile de considérer ces jeunes comme des travailleurs et travailleuses du sexe volontaires, en pleine maîtrise de leur sort. Par conséquent, nous n’utiliserons pas les termes prostitué(e) ou escorte, parce que ces mineurs sont dupés par de fausses promesses, menacés, intimidés, exploités par des adultes et sont vulnérables en raison de fugues ou de situations de vie difficiles ils sont des victimes.
Nous espérons mettre en évidence aux yeux du comité, l’intersection entre les enfants disparus et l’exploitation sexuelle de nos jeunes. La prévention et l’éducation jouent un rôle déterminant dans la protection de nos jeunes contre les agressions et l’exploitation.