Vera Cyr, soeur de Yohanna Cyr, disparue depuis 1978, a livré le témoignage suivant lors de la conférence de presse annuelle du Réseau Enfants-Retour pour souligner la Journée nationale des enfants disparus.

J’ai cherché pendant une journée entière pour trouver ce que j’allais dire devant vous. Dire quelques mots qui apportent un sens positif à ce que vit chaque famille d’enfants disparus n’est pas toujours très évident. Quoiqu’il y en ait plusieurs, il y a aussi ce côté où on s’accroche au doute, à la peur, à la colère et à l’incertitude. Et ces moments durent aussi longtemps que le temps passé sans nos proches disparus n’est pas terminé.

Mais malgré tout, on s’accroche au mot « espoir ». Parce que ce mot-là est un certain carburant puissant pour les familles. C’est un peu comme le carburant d’une auto. Lorsqu’on remplit l’auto de carburant, on peut aller où on veut pendant un moment, et lorsqu’elle se vide, on la remplit à nouveau et on continue la route, jusqu’à la destination voulue. L’espoir fait la même chose; il nous permet d’y croire, et d’y croire aussi fort, afin d’aller toujours plus loin et de ne pas cesser d’avancer. Le mot « espoir » vient de notre cœur, de notre tête, de notre corps.

Il vient aussi d’une équipe qui travaille d’arrache-pied, afin que nos histoires, si elles ne se terminent pas, ne soient jamais oubliées. Ce sont eux qui sont là lorsqu’un petit moment malheureux se produit. Ce sont eux qui travaillent comme des « colombos » à trouver des solutions, des pistes, des idées, pour qu’un jour, on puisse enfin dire à nos proches : Bienvenue à la maison. L’espoir, c’est comme les rêves, on y rêve, on y croit et on fait tout son possible pour y arriver. Il ne faut jamais cesser de s’y accrocher. Il nous fait vivre et continuer à avancer. On peut tout dans la vie si on y croit fort. Et moi, j’y crois plus que fort, que ces enfants arrachés à leurs familles reviendront à la maison. Mais pour que cela arrive, nous avons besoin de chacun de vos yeux et de votre voix à travers le monde. Pour que nos histoires, vos histoires et leurs histoires restent éveillées et qu’un jour, chaque histoire ait une fin.